Vous étiez le représentant du groupe JVSL à la commission municipale. Quelle a été, selon vous, la méthode employée par la mairie pour élaborer ce projet ?
Franck Bernard : En 2022, Madame la Maire a présenté un avant-projet en réunion publique sans véritable concertation :
on y comptait 19 immeubles, soit près de 600 logements
– la copie quasi conforme du projet de 2011 (voire nos
parutions sur le sujet site faisonsbouger‑stleu.fr). Après notre mobilisation de 2023 – tracts, visites de terrain – elle a reculé et annoncé la création d’une ZAC, limitant officiellement la capacité à 350 logements. Mais, honnêtement, on continue de naviguer à vue : toujours pas de documents stabilisés ni de vraie discussion avant la présentation prévue le 28 juin.

Comment s’est déroulée la sélection du promoteur ?
Franck Bernard : Lors de la première réunion, la ville – épaulée par son prestataire – nous a expliqué les règles. C’est une concertation, pas un appel d’offre : donc sept promoteurs contactés, mais sans révéler leurs noms ni le cahier des charges. On apprend ensuite que quatre ont répondu. À la deuxième séance, on voit un classement anonyme avec des notes attribuées par la mairie et son prestataire. Enfin, à la troisième, le promoteur arrivé en tête est validé à la majorité ; toutes les oppositions se sont abstenues parce qu’on ne pouvait pas garantir un traitement équitable, le collège électeur avait bien été verrouillé. Transparence ? Zéro. On a vraiment l’impression que le résultat était déjà écrit.

Quel est aujourd’hui le contenu du programme ?
Franck Bernard : On nous parle de quatre composantes : 200 logements, 2 000 m² de commerces, des espaces verts et des voiries. Sur le papier, c’est tout à fait acceptable. Le problème, c’est qu’aucune garantie juridique ne verrouille ces chiffres. Rien n’empêche un glissement futur vers plus de
logements et moins d’espaces verts. Je crains un grand plan de communication le 28 juin : de jolis panneaux, beaucoup de vert, et le logo du promoteur choisi. Tout sera différent si des contraintes extérieures comme l’Etat avec le préfet, la région, nous forcent à rouvrir le PLU. Et c’est bien ce qui est prévu.

Quel calendrier la municipalité avance‑t‑elle ?
Franck Bernard : Il reste une réunion de commission le 20 juin pour choisir entre 3 projets architecturaux, puis la grande présentation le 28 juin – juste à huit mois des municipales de mars 2026. Après cela, même si tout roulait, on parle d’une livraison finale vers 2031-2032… et encore, à condition qu’aucun paramètre ne change.

Quelles leçons retenez-vous de cette séquence ?
Franck Bernard : J’en vois trois :
Un projet électoral. L’opération tombe à pic, alors que le dossier n’a guère avancé depuis trois ans, comme par hasard.
1/ Aucune garantie financière pour la ville. Rien n’est signé ; les contreparties sont faibles et peuvent évoluer au détriment des habitants. Surtout que Madame Le Maire se garde bien d’expliquer les menaces.
2/ Un horizon incertain. Même en 2031-2032, rien ne dit qu’on restera à 200 logements : le contrat avec le promoteur n’est pas encore contractualisé.
3/ En clair, le futur quartier des Diablots est trop important pour être décidé dans la précipitation. Nous demandons une véritable concertation avant qu’il ne soit trop tard.
Une opération de communication et de manipulation à simple visée électoraliste.